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Les zones exclues de la mondialisation

Nous avons vu que des individus, des mouvements, des peuples et des communautés pouvaient s'exclure de la mondialisation, du moins vivre en marge d'elle. Nous allons voir ici que des zones entières peuvent rester en marge de la mondialisation par la seule volonté de quelques individus. 

Nous allons ici prendre en exemple deux zones grises et un pays :

- la Somalie ;

- le territoire sous contrôle de l'Etat islamique ;

- la Corée du Nord.

Les zones grises

Outre les hommes qui s’excluent de la mondialisation, des espaces entiers sont parfois hors de contrôle des états. C'est le cas des zones grises que nous avons évoquées dans la rubrique LA MONDIALISATION. Ces zones sont en dehors de la mondialisation car elles n'ont pas de relation légale avec le monde qui les entoure.

Il faut cependant être prudent avec l’utilisation du terme « zone grise », à cause de son imprécision. En effet, cette formule est communément utilisée pour décrire des réalités différentes : les zones contrôlées par les Taliban, le nord Kosovo ou encore certains quartiers de Seine-Saint-Denis.

 

Nous considérerons donc que le terme de "zone grise" ne s’applique ici qu’à une zone dont l’état duquel elle dépend originellement a perdu le contrôle ou n’entretient plus de relations administratives avec elle.

 

Nous exclurons donc de cette étude le nord Kosovo et les quartiers de Seine-Saint-Denis car le premier est à cheval entre les juridictions serbes et kosovares et les seconds continuent de recevoir les aides sociales de l’Etat français. 

 

 

L'exemple de l'Etat Islamique

 

Cette organisation criminelle et terroriste contrôle un territoire de près de 230 000 km² à cheval sur la Syrie et l'Irak. Il est très difficile de connaître l'état des populations au sein de cette zone (exception faite des vidéos de propagande sur internet) car elles n'ont plus de contact avec le monde extérieur. La monnaie a été modifiée et les échanges se font maintenant en pièces de cuivre, d'argent et d'or. Les échanges commerciaux de l'Etat islamique sont centrés sur la vente du  pétrole qu'il exploite et qui lui rapporte près de 5 millions de dollars par jour.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une loi y est appliquée, la charia, qui est interprétée selon les désirs du chef Abou Bakr Al-Baghdadi et ne sert que le régime guerrier. Cette loi est considérée comme illégitime par une majorité de l’opinion internationale, qui condamne les exactions de l’Etat islamique.

L'objectif de l'EI n'est pas de s'intégrer, il s'accomode très bien de sa situation marginale car son seul but est de détruire la civilisation occidentale et d'imposer sa suprématie au monde arabe.

Aucune relation légale et viable ne peut donc être entretenue avec cette organisation, on peut donc dire que la zone qu’elle contrôle est en dehors de la mondialisation. 

L'exemple de la Somalie

Depuis plusieurs années, ce pays qui fait partie de la corne de l’Afrique est considéré comme le plus corrompu et le plus défaillant au monde, d’après l’indicateur Fund for Peace .

 

Malgré l’existence d’un gouvernement de transition avec une assemblée, qui représente la population depuis 2004, la région est sous le contrôle de chefs de guerre qui rançonnent les populations et mènent des actions de piraterie dans l’océan Indien depuis la côte somalienne. C’est pour cela que  nous la considérerons comme une zone grise et non comme un pays indépendant.

 

Beaucoup d’études menées au niveau mondial ne contiennent pas de données sur la Somalie. En effet, il serait bien trop risqué de tenter d’aller y glaner des informations à cause des attentats et enlèvements perpétrés par la milice islamiste Al-Shabaab et les pirates. Le ministère français des affaires étrangères déconseille d’ailleurs à tout Français de s’y rendre pour quelque raison que ce soit.

Ainsi très peu d’étrangers vivent sur le territoire somalien et les échanges économiques du pays se limitent à du troc avec les pays limitrophes, l’Ethopie et le Kenya.

Pour que la mondialisation ait lieu en Somalie, il faudrait qu’un gouvernement stabilise le pays, rétablisse une constitution et reprenne le contrôle de toutes les régions pour pouvoir les intégrer au système économique mondial.

la corée du nord

Le Parti des Travailleurs de Corée (parti unique) et l’armée constituent les deux piliers du régime nord coréen, dont le fonctionnement est opaque. Le régime a développé une idéologie propre, le Juche ou « autonomie », qui vise à rendre le pays « maître de son destin » par la promotion de l’indépendance nationale. L’idéologie du Juche s’est traduite par une fermeture quasi-totale du pays aux influences extérieures. Elle a été complétée, en 1995, par le mot d’ordre de « priorité à l’armée ».

Après la mort en 1994 du fondateur du régime nord-coréen, Kim Il-sung, la direction du pays a été assurée par son fils Kim Jong-il, qui cumulait les fonctions de Chef des armées, Président de la Commission de Défense nationale et Secrétaire général du Parti du Travail. Après le décès de Kim Jong-il en décembre 2011, son fils cadet, Kim Jong-un, âgé de 28 ans, lui a succédé.

De « grand successeur », il a été progressivement nommé à la tête des plus hautes institutions du pays. Lors de la 4ème Conférence des représentants du Parti, le 11 avril 2012 et de la 5ème session de la 12ème Assemblée Populaire Suprême du 13 avril, il a été désigné Commandant suprême des armées, Premier secrétaire du Parti du Travail – son père ayant été consacré secrétaire général éternel du Parti – président de la Commission militaire centrale du Parti et, enfin, premier président de la Commission nationale de Défense. En vertu de la Constitution nord-coréenne, cette dernière fonction confère à son titulaire un pouvoir suprême (Parti, Armée, Etat).

Le poste de Président de la République a été supprimé dans la Constitution de 1998, l’ancien dirigeant Kim Il-sung ayant été désigné « président éternel ». Le Président du Praesidium de l’Assemblée populaire suprême, Kim Yong-nam, fait office protocolairement de Chef d’Etat.

L’année 2012, horizon que le régime s’était fixé pour faire de la Corée du Nord un « pays puissant et prospère » a vu des célébrations de grande ampleur à l’occasion du 100ème anniversaire de la naissance de Kim Il-sung (15 avril) et du premier anniversaire du décès de Kim Jong-il (16 et 17 décembre).

Kim Il-sung

Kim Jong-il

Kim Jong-un 

Après la crise et la famine des années 1990, liées notamment à la disparition de l’URSS (importante pourvoyeuse d’aide jusqu’en 1988), à une série de catastrophes naturelles et à un système de production collectiviste archaïque, la Corée du Nord s’est trouvée confrontée à de graves pénuries alimentaires. Une importante partie de la population souffre aujourd’hui encore de malnutrition. Le PIB nord-coréen est évalué selon la Banque de Corée du Sud à environ 31.5 milliards de dollars en 2012.

Le nouveau dirigeant a annoncé dès janvier 2012 vouloir améliorer l’économie et les conditions de vie de la population en introduisant quelques éléments inspirés du modèle économique chinois (par ex. l'attribution d'un petit lopin de terre privé aux paysans).

La Corée du Nord est fortement dépendante de l’aide extérieure, ainsi que de la Chine et de la Corée du Sud. L’aide internationale, qui a culminé en 2002 (265 M USD), a chuté dès 2009 sous l’effet des tensions politiques (21 M USD en 2010). Elle a repris en 2011 face à la pénurie alimentaire qui traversait le pays, aggravée par une suite de catastrophes naturelles. Le commerce avec la Chine représenterait 67.1% du commerce total de la République Démocratique de Corée du Nord. La Corée du Sud est le 2ème partenaire commercial du Nord.

 

A titre informatif, les échanges économiques entre la France et la Coré du Nord :

Exportations de la France vers la Corée du Nord (2014) : 708 000 EUR

Importations françaises depuis la Corée du Nord (2014) : 5, 7 M EUR

 

Pour comparer, les échanges entre la France et la Corée du Sud :

Exportations de la France vers la Corée (2014) : 5 Mds €

Importations françaises depuis la Corée  (2014) : 3 Mds €

Le regard que nous venons de porter vient de l’extérieur de ce pays. Or, il nous faut préciser que la majorité des Coréens du Nord n’a jamais entendu parler de mondialisation.

La politique nationaliste autarcique menée par le gouvernement entretient la population dans un rêve éveillé.

Le chômage y est presque inexistant et l’armée nord-coréenne est la 4e plus nombreuse au monde. Cependant la plupart des métiers demandent peu de qualifications et l’armée est très en retard technologiquement.

La Corée du Nord est donc comparable au 1984 de George Orwell avec son économie planifiée, sa population embrigadée et l’élimination de toute opinion dissonante. 

On peut ainsi dire que la Corée du Nord tente de s'exclure de la mondialisation par les moyens économiques et politiques. Cependant cette situation ne pourra pas durer éternellement car des investisseurs étrangers, notamment arabes, placent de plus en plus de capitaux en Corée du Nord.

A ceci s'ajoute la volonté bilatérale des populations du Nord et du Sud de réunir enfin les deux Corée, oiseau de mauvais augure pour le régime de Kim Jong-un, qui serait alors forcé de montrer à son peuple que la Corée du Nord n’est pas le pays le plus prospère du monde...

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