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 Les gens du voyage

Les Roms / Tsiganes

Tsiganes, Roms, Gitans, les gens du voyage…qui sont-ils ?

Roms, Gitans, Tsiganes, Sarrazins, Sintis, Manouches, Bohémiens... Il existe beaucoup d’appellations sans que l'on en connaisse la signification exacte. Nous avons donc définies chaque terme :

 

Rom : Le seul nom que les Tsiganes se donnent eux-mêmes signifiant «homme» en hindi. Ils emploient aussi Romni (au fém.) et Roma (au pluriel, masc. et fém.). Tous les autres termes servant à identifier les Tsiganes ont été donnés par des non-Roms. Habituellement, le terme de Rom désigne les Tsiganes d’Europe centrale et de l’Est.
 

Tsigane : Du mot grec athinganos, tsigane signifie «celui qui ne veut pas toucher ni être touché». Le terme sert à désigner les Roms, indistinctement de leur pays d’accueil.

 

Gitan : À leur arrivée en Grèce au IXe siècle, les Tsiganes se sont regroupés dans le Péloponnèse au pied du mont Gype. Par la suite, les voyageurs italiens appelèrent ce lieu «la petite Égypte» et leurs habitants Egyptiano. Le même mot a donné Gitano en Espagne et au Portugal, puis Gitan en France et Gypsy en Grande-Bretagne. En France, le mot gitan désigne les Tsiganes du Midi vivant près des Saintes-Maries-de-la-Mer.

 

Sinti : Le mot sinti désigne les Tsiganes des régions germanophones qui ont été déportés et exterminés en partie (85 %) par les Allemands lors de la Seconde Guerre mondiale.

 

Bohémien : Les premiers Tsiganes arrivés en France venaient de la Bohême (une région de la République tchèque actuelle), d'où ce surnom.

 

Manouche : Ce terme d’origine tsigane provient du mot mnouch et signifie «homme». On dit qu’il sert à désigner la moustache (ou bien la barbiche) que porteraient la plupart des Gitans. En France, les Manouches sont généralement installés près des rives de la Loire.

 

Romanichel : Le mot est un dérivé de Romani Cel en tsigane, ce qui signifie «groupe d'hommes». En français, le mot a pris par extension le sens de «vagabond» ou «personne sans domicile fixe».

 

Gens du voyage : Cette expression est utilisée afin de ne pas désigner une catégorie spécifique de Roms présente sur le territoire français. Dans la pratique administrative, l'expression est souvent employée pour désigner les Tsiganes de France, bien que seulement 15% d’entre eux soient itinérants et qu’ils représentent qu’une minorité.


           

    

Il est d’autant plus difficile de s'y retrouver dans l'histoire complexe, la plus part du temps non écrite, de ces populations nomades dont on retrouve des traces à partir du XIIIe siècle en Iran. Ils apparaissent au XIVe siècle en Europe.

Un peuple nomade dispersé ayant sa propre culture

Les Tsiganes répartis en Europe et dans le monde

Comme les Tsiganes n’ont pas d’État propre, ils sont dispersés non seulement à travers l’Europe, mais aussi en Amérique (Argentine, Brésil, Colombie, États-Unis).

 

N’ayant aucun recensement sur leur population, on estime leur nombre à environ 80 millions, mais la quasi-totalité des Tsiganes ont perdu l’usage de leur langue ancestrale et se sont assimilés à leur pays d’accueil.  On en compte environ huit millions répartis dans les Balkans dont plus de trois millions d'entre eux habitent en Roumanie (environ dix pour cent de la population totale).

 

La grande majorité des Français ayant une origine " Rom " est sédentaire et n’est ni facilement identifiable ni systématiquement discriminée. Leur nombre est estimé à 2 millions.

Pour les Roms migrants  de nationalité roumaine, bulgare, tchèque, slovaque, hongroise, moldave ou des pays de l’ex-Yougoslavie (Serbie, Croatie, Kosovo notamment), on en compte entre 15 à 20 000 en France. La plupart d’entre eux ont immigré dans les années 90, peu après la chute des régimes communistes.

 

Dans les années 70, l’administration a forgé pour ceux qui restent itinérants la catégorie "gens du voyage" qui inclut des non-Roms. Il y aurait actuellement environ 400 000 gens du voyage, de nationalité française depuis plusieurs siècles mais qui sont considérés comme " clandestins " sur le territoire français.

Un peuple nomade 

Le peuple tsigane est  majoritairement un peuple nomade ce qui signifie qu'ils ne vivent pas dans un lieu fixe mais au gré de leurs voyages.

 

Pour cela, les Tsiganes utilisent en général des roulottes tirés par des chevaux et plus récemment, des caravanes tractées par des automobiles. Ce mode de vie leur a permis de développer des métiers comme la vannerie (confection d'objets tressés avec des brins d'osier, de jonc, de rotin...), la chaudronnerie mais aussi les métiers du spectacle tel que le cirque, les orchestres,  la voyance...
 

Les valeurs Tsiganes

La famille tient une grande place dans la culture Tsigane. Ces familles sont intégrées à des groupes sociaux plus larges (clans) qui comptent entre cent et cent cinquante personnes en moyenne.

 

La conduite d’un tsigane vise à conserver la réputation et l'honneur de la famille. Une faute commise par un membre concerne toute la famille et, de la même façon, un acte valorisant renforcera le prestige de celle-ci. La solidarité est une valeur fondamentale qui assure à la fois sécurité et cohésion sociale.

 

La sanction la plus grave est l'exclusion du groupe. Il est totalement inconcevable d'éloigner de la communauté les vieillards, les orphelins ou les enfants qui obtiennent rapidement une grande autonomie. Les heures de loisirs sont consacrées aux visites de parents et à faire des rencontres.
 

Une langue ancienne

D'après les ethnologues, Tsiganes, Roms, Sintis, Manouches, Gitans partagent les mêmes origines indiennes et parlent des dialectes issus d'une langue commune (Romani Ship) qui se rapproche du sanskrit (ancienne langue sacrée de l'Inde ancienne).

 

Actuellement, la langue Romanès est parlée par 90 % des Tsiganes du monde, notamment en  France où les dialectes romani restent très vivaces dans certaines communautés, comme le manouche dans le Massif central, en Alsace et dans les Pyrénées. D'autres parlent un "argot des voyageurs", dont certains mots ont été d'ailleurs repris dans l'argot des cités. C'est le cas par exemple de "poukave" (dénoncer), "chourave" (voler), "marrave" (frapper).

Les prénoms Tsiganes

Dans les camps tsiganes, on attribue au nouveau-né deux prénoms. Le premier prénom est pour l’état civil, notamment en cas de rafles policières. Le deuxième prénom est à consonance Indou, Slave ou autre qui sera donné au bout de quelques jours lorsque l’entourage aura perçu les manières et apparences du bébé. Ce prénom sera utilisé et identifiera l’enfant au sein du camp.

    

Malgré leur mise à l'écart dans le monde actuel, le peuple tsigane a beaucoup influencé la société à travers la musique ou le cirque.

La musique

Le domaine dans lequel les Tsiganes excellent est la musique, car ne lisant pas, ils ont développé une oreille exceptionnelle, ils jouent à leur manière la musique des pays qu'ils traversent. On retrouve dans leur tradition presque toujours les mêmes instruments comme le violon, la clarinette, la contrebasse, l'accordéon, la guitare, le cymbalum et la dermbouka, le saxophone qui leur permettent de naviguer entre la musique folklorique, la musique jazz et la musique classique. 

Les musiciens tsiganes ont développé un style de jeu familial qui leur est propre. Pour chacun des instruments qu'ils utilisent, ils conjuguent vitesse d'exécution et improvisations. Les plus connus sont Django Reinhardt, qui créa un style à part : le jazz manouche.

Voici une video des "yeux noirs" de Django Reinhardt :

Un groupe de musique tsigane important est le " Szászcsávás band " qui a déjà enregistré plusieurs CD et tourné au Etats-Unis, au Japon et fréquemment en Europe. Et plus récemment, on retrouve le chanteur gitan Kendji Girac qui vient de sortir son nouvel album « Ensemble ».   

Le cirque

Le cirque est aussi un des domaines artistiques des tsiganes car leur vie nomade permettait de donner des représentations dans toutes les villes. Le plus connu des cirques tzigane est le cirque Romanes, composé de deux familles. L’une fait partie des gitans français, l’autre vient de Hongrie et de Roumanie. Leurs spectacles mélangent l'acrobatie, le jonglage ainsi que le chant tsigane. 

Les Tsiganes ont des conditions de vies difficiles et sont victimes de discriminations dans leur pays d’accueil

Des nomades qui ne peuvent s’intégrer

Les Tsiganes font encore partie aujourd’hui des populations d’Europe qui subissent les plus fortes discriminations. En pratiquant le nomadisme, ils rencontrent des difficultés au plan de l’intégration sociale, car ils ne peuvent pratiquer librement leurs valeurs et leur mode de vie différents dans leur pays d'adoption.

 

En effet, en raison de leur grande mobilité et de leur type d’habitat (souvent en caravane), les Tsiganes sont exclus des prestations et de la sécurité sociale, et généralement désavantagés dans les domaines de l’éducation, de l’emploi, de la santé, du logement et de la participation à la vie publique. Ils vivent dans des conditions difficiles, les empêchant donc de s’intégrer dans notre société.

La pauvreté et le chômage

Les tsiganes, en marge de la société, vivent trop souvent dans des bidonvilles ou dans des campements informels. Le taux de chômage atteint les 90% dans certains pays d’Europe de l’Est.

 

Si l’on prend l’exemple de la Roumanie, la situation actuelle des roms est préoccupante puisque 40% d'entre eux vivent en dessous du seuil de pauvreté, soit avec moins de 2,15€ par jour. Cela explique les vagues de migration que l'Europe de l'Ouest observe ces dernières années.

Prenons l’exemple de Csávás, un petit village situé dans le centre de la Transylvanie, au pied des Carpates. Il est peuplé de 1000 Roumains (minorité Hongroise), ainsi que de 350 Tsiganes Roms dont 200 enfants.

Sans emplois et ne possédant pas de terre, la plupart des roms travaillent pour les paysans locaux qui les payent l'équivalent de 2,5 € par jour (en nourriture). Certains d'entre eux sont également musiciens ou artisans mais les possibilités de marchés pour ces artisans sont très réduites.  Ainsi, ils ne peuvent gagner assez d’argent pour subvenir  aux besoins quotidiens. En conséquence, les enfants, dès l'âge de 12 ans, travaillent eux aussi dans les champs. Une seule préoccupation commune persiste : trouver tous les jours de quoi nourrir sa famille.

En France, Leur possibilité de trouver un emploi était fortement limitée jusqu’au 31 décembre 2013 en raison de mesures transitoires qui restreignaient l’accès au marché du travail pour les ressortissants roumains et bulgares. Depuis le 1er janvier 2014, ils peuvent accéder à l’emploi en France comme tous les autres ressortissants européens.

Une santé aggravée 

La santé physique des roms est bien plus mauvaise que le reste de la population dans une majorité de pays. L'espérance de vie ne dépasse guère cinquante ans, soit  15 ans de moins que la majorité de la population dans le centre et l'Est de l'Europe. Les maladies et la sous-alimentation en sont les responsables directs. En effet, Le niveau de vie et les conditions d'hygiène sont très bas. Travaillant essentiellement pour de la nourriture, les roms ne possèdent pas d'argent. Ils n'ont donc pas la possibilité d'améliorer leurs habitations ni leurs conditions de vie en général.

Le problème de l'éducation

Très peu d'enfants roms se rendent à l'école. Les raisons sont multiples : victimes du racisme, extrême pauvreté (pas de chaussures ou de vêtements), problèmes de communication (les enfants ne parlent souvent que la langue maternelle). De plus, certains maires refusent la scolarité des gens du voyage.

 

Ainsi, la majorité des enfants roms ne savent ni lire ni écrire, ce qui les pénalise à tous les points de vue (professionnel, administatif...)

Des contraintes et des discriminations

Les Tsiganes subissent de nombreuses discriminations et contraintes dues à leurs conditions de vie et leur grande pauvreté tout comme  leur origine ethnique.

En effet, ils sont fréquemment victimes d’expulsions forcées de leurs bidonvilles et campements et de reconduites à la frontière. Ils sont stigmatisés par les autorités et sont les victimes de comportements voire de violences racistes.

De plus, ils n’ont pas la liberté d’aller et venir car on les oblige à avoir un livret de circulation. De même pour s’installer, ils ont l’obligation d’avoir un rattachement administratif.

Dans cette video de la La Télé Libre, le chef d'un clan gitan, Milo Delage, nous dévoile la colère des gens deu voyage face aux discriminations de la société française. Pour prouver que les gitans ne sont pas des "sauvages", il fait signer à chaque départ une attestation de civisme montrant que la communauté a été propre et respectueuse. Il explique qu'ils souhaitent être considérés comme des citoyens français:

Des solutions plus ou moins respectées pour mieux intégrer ces gens du voyage

Durant ces dernières années, des solutions ont été trouvées pour tenter de mieux résoudre les problèmes d’intégration des Tsiganes.

 

Le 26 août 2012, une circulaire interministérielle « relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites » a été signée par sept ministres. Non contraignante, elle incite les préfets à trouver des solutions en termes d’accompagnement des populations roms installées dans des campements illégaux par le biais de diagnostics sociaux.
Parallèlement, une mission de coordination "sur l'organisation de l'accompagnement des personnes touchées par l'évacuation d'un campement" a été mise en place et confiée au délégué interministériel à l’hébergement et à l’accès au logement (DIHAL).


En revanche, plus de deux ans après cette circulaire du 26 août, des familles continuent d’être expulsées sans avoir été ni informées, ni consultées et sans se voir proposer de solutions d’hébergement adaptées ou de relogement.
           
En avril 2015, Amnesty International France (AIF) a lancé une nouvelle campagne intitulée « Une place pour les Roms ! » qui repose sur la mise en avant de témoignages de personnes roms insérées, d’élus locaux qui ont donné une chance à des familles d’avancer sur le chemin de l’insertion, de jeunes en service civique, autant de parcours qui démontrent qu’une autre politique que celle des expulsions est possible !


AIF demande aux autorités françaises de :

  • mettre en place des garanties effectives contre la pratique des expulsions forcées ;

  • faire appliquer la circulaire interministérielle du 26 août 2012 « relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuations des campements illicites » ;

  • garantir l’accès aux services essentiels de base pour la dignité des personnes habitant dans des campements informels, comme l’approvisionnement en eau, le ramassage des ordures et l’accès à des installations sanitaires suffisantes ;

  • garantir l’accès et la continuité des droits à l’éducation et à la santé ;

  • de s’attacher à faire appliquer la loi Besson du 5 juillet 2000 qui oblige chaque commune de plus de 5000 habitants à aménager une aire d’accueil ;

  • d’abroger toutes les dispositions discriminatoires notamment l’obligation d’être muni d’un livret de circulation.

Les Tsiganes, en marge de la mondialisation?

On peut donc se demander si les Tsiganes vivent en marge de la mondialisation, ou tout du moins de notre société. Contrairement aux Amish et aux hippies, les Tsiganes ne critiquent pas et ne refusent pas notre société mais veulent garder  leurs valeurs pour les générations futures.

 

Il est vrai qu’avec leurs conditions de vie particulières, il est difficile pour ces gens du voyage de s’intégrer dans notre société, mais ce refus d’intégration est aussi en partie de notre faute. En effet, avec ces discriminations envers leur culture et ces rejets de les accepter chez nous, les Tsiganes sont en marge de notre société. Pourtant, ils souhaitent simplement être considérés comme des citoyens de leurs pays.

 

Pour résoudre ces problèmes de marginalisation, nous devons accepter leur culture et faire des efforts pour les intégrer ; de même que les Tsiganes doivent respecter notre société et notre environnement.

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