EST-IL POSSIBLE DE VIVRE EN MARGE DE LA MONDIALISATION ?
Individus
Une société est tout milieu dans lequel est intégré un individu dont les rapports avec ses semblables sont réglés par des conventions plus ou moins fixes et contraignantes. L'être humain, dit-on, est un animal social. Il vit donc normalement en société.
Cependant certains individus sont exclus de la société et donc de la mondialisation qui en découle. Il faut dans notre cas faire une distinction entre les exclus volontaires et les autres, ces derniers n’ayant pas été les décideurs de leur condition marginale.
En revanche les individus qui se sont mis volontairement en marge ont suivi une réflexion que la force de leurs convictions a conduit à s’exclure de leur société.
Il nous faut repréciser que notre problématique traite de la vie en marge de la mondialisation et ainsi de l'exclusion. C'est pour cela que ne sera pas abordé ici le cas des personnes sans domicile fixe que nous considérons plus comme de victimes de la mondialisation que comme des exclus.
Nous avons, pour tenter de comprendre les raisons de cette exclusion volontaire, interrogé le sociologue, philosophe et essayiste Jean-Pierre Le Goff qui nous a livré sa vision de l’homme moderne.
Selon lui : « l’homme a un rapport ambivalent au progrès ». Il est l’instigateur du progrès mais tente malgré tout de s’en protéger car la nouveauté lui fait peur.
Il suffit de voir toutes les dérives liées au progrès : on pollue, on déforeste, on assèche, on construit à tout va… Cette destruction de la nature qui nous a vu naître en révolte certains, fait peur à beaucoup, mais laisse la majorité des hommes indifférents. Dans notre société individualiste, qui aurait la volonté de quitter son petit confort et surtout l’accès gratuit aux soins (en France), avec pour seul but la réduction de son empreinte écologique ?
Il est bien plus facile d’attendre que son prochain fasse le premier pas.
Jean-Pierre Le Goff
Plusieurs raisons peuvent, d’après Jean-Pierre Le Goff, pousser un individu à l’exclusion :
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La pression sociale
En effet, dans notre société de communication où tout se sait, il est difficile de ne pas être englouti sous une marée de nouvelles, pensées pour émouvoir et toucher tout un chacun. A cela notre conscience collective attend une réponse, tout point de vue ou prise de parole, même insignifiant, engendre des réactions ; aussi bien dans la sphère privée que publique. L’estime de soi est maintenant conditionnée par le regard des autres sur notre manière d’être, de penser, d’agir. Il n’est donc pas étonnant que certains individus à bout décident de se séparer du système.
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Une émancipation spirituelle
Dans notre société matérialiste, bien que les religions monothéistes soient encore très présentes, il devient difficile d’approfondir une vraie réflexion spirituelle personnelle au sein de ces religions. Et pour cause ! Si on prend en exemple la foi catholique, les étapes du parcours de foi sont des évènements balisés où certains peuvent penser que peu de place est laissée à une interprétation personnelle parallèle. La recherche d’un épanouissement spirituel plus proche de la nature peut donc être un guide ; tel Alphonse de Lamartine dans « Le Lac », qui se fait l’émissaire du romantisme et des esprits proches de la nature.
Ainsi les écologistes fondamentalistes tentent de mettre leur mode de vie en accord avec leur philosophie.
Cependant l’accès à une autre forme de spiritualité n’est pas un but mais plutôt une finalité qui intervient après que l’individu ait atteint une certaine communion avec la nature.
On peut donc dire que l’exclusion de la société mondialisée peut être un choix raisonné et motivé bien souvent par une idéologie ; contrairement à celle subie par l’individu et sanctionnée par la société suite à un événement marquant qui a entraîné une désocialisation (par ex. les SDF).